Descendre le Douro en Dart18 J1 de l’écluse de Pocinho à Valeira

J0+1 Petit matin après cette première nuit belle étoile trampoline, réveil sous le ciel bleu, le soleil passe la crête et commence à nous réchauffer un peu. Jacques fait sécher ses vêtements mouillés hier dans le dessalage. (on l’a tous fait une foi, et après on sait comment bien fermer un sac étanche). Petit déjeuner sommaire et recharge des appareils électriques sur la prise ponton.

On est inscrit pour le passage de 10h30, on se présente devant l’écluse attendant que le feu passe au vert.

Ça y est, vert, c’est parti, on rentre dans l’écluse de Pocinho avec mat un peu baissé car on ne sait rien sur les tirants d’air, mais à l’œil, ça semble passer sans problème. Des immenses murs de bétons nous entourent, la porte amont remonte du fond et ferme l’entrée derrière. Devant c’est un mur de béton avec un passage piéton.

Nous sommes bien amarrés, loin l’un de l’autre, sur les bollards flottants. L’écluse est grande, 22 mètres en hauteur de sassage et, comme toutes les écluses du Douro, 86,5 m de long et 11,4 m de large, soit environ près de 21 000 tonnes d’eau à chaque passage, impressionnant mais çà ne fait que 45 secondes du débit moyen du Douro. Calme, pas de vent, le niveau baisse assez vite, pas de remous quand on descend. On commence à voir la porte aval qui sort de l’eau, puis toute entière elle s’ouvre, le feu passe au vert, moteur, et sortie tranquillement de cet édifice en béton.

Baptême d’écluse en Dart18 pour Jacques qui avait déjà franchi les écluses de Panama en mars 1973 à bord de la Jeanne d’Arc sur laquelle il effectuait son service militaire (et un tour du monde) dans la « Royale ». Pour moi, après les écluses du canal du midi, et celles du canal du Panama en 2015, je suis moins impressionné, mais tout de même… Jacques parait tout petit maintenant au fond de l’écluse basse. La porte aval s’ouvre, en route vers l’écluse suivante de Valeira.

Vu la grande pétole et les quelques petits souffles d’ouest on continue au moteur tranquillement en admirant le paysage, les amandiers et les premiers vignobles. On arrive à Foz do Sabor au confluent du Sabor et du Douro, une plage avec une buvette. Parfait pour une petite bière, on n’est pas loin de Valeira et profitons de ces moments tranquilles à l’ombre des arbres. En quelques minutes c’est l’attroupement des locaux qui viennent voir ces engins d’un autre monde.

Ça me rappelle une chanson de Pierre Vassiliu des années 74.

La communication avec les locaux n’est pas facile mais ils semblent bien comprendre notre « nomadité » sans confort dans cette descente du Douro. Nous repartons toujours au moteur, le Douro se resserre dans des canyons tortueux, les passages étroits font tout de même une quarantaine de mètre de large. Les à pic des bords sont impressionnants, il ne faudrait qu’un pan de rocher se décroche.

Jacques tombe en panne sèche en plein milieu d’un canyon et m’appelle sur la VHF canal 72. Il ne faut pas croiser de bateau de touriste ici et je viens au moteur prendre JADE17 à couple et nous sortons du canyon rapidement pendant que Jacques en naviguant rempli son réservoir moteur de 5 litres sans en renverser une goutte. On apprend à faire le plein du moteur en alternance afin de ne pas tomber en panne sèche en même temps. Peu de temps après Jacques récupère un kayakiste allemand épuisé, poussé par le petit vent d’ouest trop loin de sa base. Comme le bon Saint-Bernard, Jacques le prend en remorque et le dépose une heure plus tard à sa base avec plein de « Danke sehr » et de  « Viele Danke sehr ».

Nous arrivons au premier pont pour le train. A l’époque de sa construction, du temps de Eiffel, les tirants d’air des bateaux sur le Douro étaient faibles, et là, il a fallu vraiment activer les chèvres pour de bon.

Je me présente devant le pont et Jacques resté plus loin regarde si le mât passe bien sous le parapet du pont. Ici c’est très juste, ça passe tout juste. Jacques passe ensuite pendant que je regarde si tout se passe bien. Pas de photo dans ce passage, trop occupé à la manœuvre. Dommage.

Et la descente continue, tranquillement dans ce paysage toujours magnifique et sauvage, avec les premières Quintas de Lubazim et de Warre’s du Haut Douro. Jacques avait repéré un ponton juste avant Valeria où nous arrivons en fin de journée en pensant à un bon diner comme hier soir dans un petit restaurant local loin des touristes. On le voit le ponton, c’est le petit trait blanc en bas de la photo.

Adieu veaux vaches cochons et diner typique, après 40 km sur ce bief on arrive à 18h00 sur un ponton qui nous laisse vraiment rêveur. Il est en total abandon, troué, percé, des planches absentes ou qui cassent sous nos pieds, aucun accès à la terre, pas de route accessible à l’horizon. Jacques m’avait bien, pendant son étude sur Google Earth et ses repérages que le Haut Douro était sauvage et plutôt désertique. Mais là c’est le retour à la nature primaire, diner barre de céréales et petit Lu comme ce matin, avec le chant des oiseaux.

Coucher à 19h30 avec bientôt les bruits nocturnes d’une faune pas bien identifiée, des poissons qui viennent dans le faisceau de la frontale sur l’eau, et la fatigue qui finit par nous endormir sous les étoiles et la pleine lune, petit vent d’ouest léger et frais, nuit froide blotti dans la polaire, et les lumières du barrage pas très loin.

Bonne nuit.

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