Descendre le Douro en Dart18 J4+5 de l’écluse de Régua à Caldas de Aregos et à Carrapatelo

Au saut du lit, 5h50, à l’ouest un arc en ciel timide et un petit crachin . Je me recouche sous la GV. 7h00 deuxième réveil, le crachin a cessé, levé de soleil à l’Est, d’accord, là je me lève pour de vrai. Le lapin s’amuse encore avec le coquillage sur le trampoline (NDLR le coquillage a déjà parcouru 100 000 km depuis le Verdon, et ce n’est pas un vrai lapin).

Petit déjeuner très sommaire, on finit les dernières cerises. La passage de l’écluse de Régua est prévu à 9h40, j’ai le temps de profiter du soleil matinal en regardant les bateaux de tourismes qui sortent de l’écluse en remontant vers l’Est.

On baisse les chèvres à fond avant de quitter le ponton pour passer l’écluse sous les charmants sourires des éclusières et de l’éclusier.

L’écluse de Régua avec ses 28.5 m de sassement, ses portes en béton levant, et ses tirants d’air qu’on ne connaitra jamais exactement sont autant impressionnant que Pocinho et Valeria. La prochaine est Carrapatelo avec ses 35 de sassement, çà promet….

 

Nous reprenons le fil de l’eau vers l’ouest, le bord des berges sont devenu beaucoup plus plat et nous faisons un petit arrêt technique sur une plage sauvage avant de continuer de descendre vers la civilisation. Après une autre tentative sur une autre plage plus grande nous optons pour une petite marina que Jacques semble bien connaitre.

Les nuages reviennent et sont très bas, et la pluie revient en fin d’après midi. Nous profitons de ce charmant village et allons diner à l’hôtel. Une bonne bouteille d’un vin rouge portugais qui honore bien sa réputation et je me fait une joie de commander une entrecôte saignante.

Je finis toujours ce qu’il y a dans mon assiette et donc je finis mon entrecôte  « saignante », mais je pense qu’il y a une très grosse erreur dans la traduction du menu en français. La pluie continue toujours à tomber. Jacques trouve un lit dans l’hôtel, et moi je retourne à la marina en me disant que « nuit, pluie, Portugal, et trampoline » peuvent rimer ensemble, mais c’est très rare heureusement.

7h40, debout depuis une heure déjà, je rejoint Jacques à l’hôtel pour un copieux petit déjeuner puis nous retournons à la marina. Je comprend que nous ne sommes pas ici par hasard et que Jacques est déjà passé ici dans sa reconnaissance au printemps avec un rêve dans la tête. Nous prenons la navette pour traverser sur la rive droite puis nous traversons en « sauvage » le pont du petit train jaune et commençons à arpenter la colline du village d’en face sur les hauteurs de Caldas.

La vue est vraiment magnifique et près d’une petite chapelle Jacques retrouve dans l’herbe, au bord du chemin, ses lunettes de vue Swiiflex égarées au printemps, avec un grand sourire de plaisir et surtout de bonne chance. Ça mérite une bonne bière à la gare très « Far West » en dessous en attendant la navette, puis retour à la marina et départ vers Carrapatelo.

Nous abordons un ponton à Pala pas très loin de l’écluse pour y passer la nuit. Un petit village, assez désertique, avec des chantiers et un grand hôtel cinq étoiles inaccessible et désertique.

Demain on passe l’écluse de Carrapatelo, la deuxième en hauteur d’Europe semble-t-il d’après les rumeurs.

Descendre le Douro en Dart18 J2+3 de l’écluse de Valeira à Pinhao et à Régua

Après une nuit fraiche et bien étoilée, réveil à 6h30, petit déjeuner léger et passage de l’écluse de Valeira à 9h00. Pas de vent, entrée dans l’écluse de Valeira, avec ses 33 mètres impressionnants, manœuvres sans problèmes, on est des habitués maintenant.

Le petit train jaune passe encore près du Douro accroché aux rochers.

On croise maintenant souvent des bateaux de touristes et les premières barques traditionnelles. On file à 4 nœuds dans un paysage moins abrupte qui s’élargit avec des vignobles partout, ici le GRAHAM’S bien connu des amateurs.

Retour à la civilisation, on arrive dans l’après midi à Pinhao, petit port fluvial avec des gros et des petits bateaux de touristes. Un premier passage pour voir où accoster et finalement on retient le ponton visiteur passager, normal, qui est squatter par les pécheurs à la ligne, normal aussi. En passant j’accroche deux fils de pêche que finalement j’arrive à démêler et rendre tous les bas de lignes aux pécheurs sans rien casser et sans créer d’émeute avec plein de « Obrigado Obrigado! ». Et même, ils nous laissent de la place sur le ponton visiteur, bravo pour la gentillesse et l’accueil.

A pied sur le quai au milieu des touristes. (sans commentaires). Jacques, expert en la matière, trouve en haut du village le bistrot familial où nous établissons notre base pour la fin de journée, prendre une bière locale, recharger les appareils électriques et mettre à jour les info Blog sur facebook après une petite visite de la ville bien animée et très pittoresque.

Diner au restaurant toujours typique et retour au trampoline pour passer une nuit exécrable avec les musiques, les moteurs des gros bateaux, les fêtards tardifs sur les pontons et surtout le clapot d’ouest qui n’en finit pas. Enfin, bien tardivement, nous arrivons à dormir un peu. Et le jour revient, 6h15 réveil, on trouve un bistrot ouvert pour le petit déjeuner, et, bonne surprise, un petit vent d’est se met en place, on part à la voile, 10 minutes, 20 minutes, 30 minutes et à nouveau pétole. Dépité on remet les moteurs.

Arrêt bistrot à Folgosa dans les hauteur du village avec une vue magnifique sur le Douro et un jambon succulent.


Encore un moment paisible et serein. On a du mal à repartir.
On arrive devant l’écluse de Régua vers 17h30 après 40 km depuis Valeira. Gros scandale, il y a plein de nuage et il pleut, en plein mois de juin. On accoste sur un ponton (encore le petit trait blanc en bas de l’image). Il est en bon état et beaucoup plus accueillant qu’avant hier.

 La pluie cesse et on prend un peu de repos sur le ponton.On a même trouvé un « passage » pour aller sur la route, mais pas de village à proximité pédestre. Sur le parking prés du pont, un marchand ambulant vend d’excellentes cerises que l’on déguste en regardant passer un bateau dans l’écluse. Elles feront bien le diner de ce soir .

Les bateaux de tourisme sont bien calibrés, certains ont une passerelle de pilotage télescopique qui se lève et se baisse si besoin. Ils passent juste en hauteur et en largeur dans l’écluse. On dine avec les cerises et on se couche tôt en espérant bien dormir coincé entre la route voisine et la pluie.

Descendre le Douro en Dart18 J1 de l’écluse de Pocinho à Valeira

J0+1 Petit matin après cette première nuit belle étoile trampoline, réveil sous le ciel bleu, le soleil passe la crête et commence à nous réchauffer un peu. Jacques fait sécher ses vêtements mouillés hier dans le dessalage. (on l’a tous fait une foi, et après on sait comment bien fermer un sac étanche). Petit déjeuner sommaire et recharge des appareils électriques sur la prise ponton.

On est inscrit pour le passage de 10h30, on se présente devant l’écluse attendant que le feu passe au vert.

Ça y est, vert, c’est parti, on rentre dans l’écluse de Pocinho avec mat un peu baissé car on ne sait rien sur les tirants d’air, mais à l’œil, ça semble passer sans problème. Des immenses murs de bétons nous entourent, la porte amont remonte du fond et ferme l’entrée derrière. Devant c’est un mur de béton avec un passage piéton.

Nous sommes bien amarrés, loin l’un de l’autre, sur les bollards flottants. L’écluse est grande, 22 mètres en hauteur de sassage et, comme toutes les écluses du Douro, 86,5 m de long et 11,4 m de large, soit environ près de 21 000 tonnes d’eau à chaque passage, impressionnant mais çà ne fait que 45 secondes du débit moyen du Douro. Calme, pas de vent, le niveau baisse assez vite, pas de remous quand on descend. On commence à voir la porte aval qui sort de l’eau, puis toute entière elle s’ouvre, le feu passe au vert, moteur, et sortie tranquillement de cet édifice en béton.

Baptême d’écluse en Dart18 pour Jacques qui avait déjà franchi les écluses de Panama en mars 1973 à bord de la Jeanne d’Arc sur laquelle il effectuait son service militaire (et un tour du monde) dans la « Royale ». Pour moi, après les écluses du canal du midi, et celles du canal du Panama en 2015, je suis moins impressionné, mais tout de même… Jacques parait tout petit maintenant au fond de l’écluse basse. La porte aval s’ouvre, en route vers l’écluse suivante de Valeira.

Vu la grande pétole et les quelques petits souffles d’ouest on continue au moteur tranquillement en admirant le paysage, les amandiers et les premiers vignobles. On arrive à Foz do Sabor au confluent du Sabor et du Douro, une plage avec une buvette. Parfait pour une petite bière, on n’est pas loin de Valeira et profitons de ces moments tranquilles à l’ombre des arbres. En quelques minutes c’est l’attroupement des locaux qui viennent voir ces engins d’un autre monde.

Ça me rappelle une chanson de Pierre Vassiliu des années 74.

La communication avec les locaux n’est pas facile mais ils semblent bien comprendre notre « nomadité » sans confort dans cette descente du Douro. Nous repartons toujours au moteur, le Douro se resserre dans des canyons tortueux, les passages étroits font tout de même une quarantaine de mètre de large. Les à pic des bords sont impressionnants, il ne faudrait qu’un pan de rocher se décroche.

Jacques tombe en panne sèche en plein milieu d’un canyon et m’appelle sur la VHF canal 72. Il ne faut pas croiser de bateau de touriste ici et je viens au moteur prendre JADE17 à couple et nous sortons du canyon rapidement pendant que Jacques en naviguant rempli son réservoir moteur de 5 litres sans en renverser une goutte. On apprend à faire le plein du moteur en alternance afin de ne pas tomber en panne sèche en même temps. Peu de temps après Jacques récupère un kayakiste allemand épuisé, poussé par le petit vent d’ouest trop loin de sa base. Comme le bon Saint-Bernard, Jacques le prend en remorque et le dépose une heure plus tard à sa base avec plein de « Danke sehr » et de  « Viele Danke sehr ».

Nous arrivons au premier pont pour le train. A l’époque de sa construction, du temps de Eiffel, les tirants d’air des bateaux sur le Douro étaient faibles, et là, il a fallu vraiment activer les chèvres pour de bon.

Je me présente devant le pont et Jacques resté plus loin regarde si le mât passe bien sous le parapet du pont. Ici c’est très juste, ça passe tout juste. Jacques passe ensuite pendant que je regarde si tout se passe bien. Pas de photo dans ce passage, trop occupé à la manœuvre. Dommage.

Et la descente continue, tranquillement dans ce paysage toujours magnifique et sauvage, avec les premières Quintas de Lubazim et de Warre’s du Haut Douro. Jacques avait repéré un ponton juste avant Valeria où nous arrivons en fin de journée en pensant à un bon diner comme hier soir dans un petit restaurant local loin des touristes. On le voit le ponton, c’est le petit trait blanc en bas de la photo.

Adieu veaux vaches cochons et diner typique, après 40 km sur ce bief on arrive à 18h00 sur un ponton qui nous laisse vraiment rêveur. Il est en total abandon, troué, percé, des planches absentes ou qui cassent sous nos pieds, aucun accès à la terre, pas de route accessible à l’horizon. Jacques m’avait bien, pendant son étude sur Google Earth et ses repérages que le Haut Douro était sauvage et plutôt désertique. Mais là c’est le retour à la nature primaire, diner barre de céréales et petit Lu comme ce matin, avec le chant des oiseaux.

Coucher à 19h30 avec bientôt les bruits nocturnes d’une faune pas bien identifiée, des poissons qui viennent dans le faisceau de la frontale sur l’eau, et la fatigue qui finit par nous endormir sous les étoiles et la pleine lune, petit vent d’ouest léger et frais, nuit froide blotti dans la polaire, et les lumières du barrage pas très loin.

Bonne nuit.

Descendre le Douro en Dart18 – J0 jusqu’à l’écluse de Pocinho’s

J0 Jour du départ, tout est prêt et le soleil et ciel bleu aussi. Une dernière bière avant de partir et le sourire des sympathiques hôtelières.

Mise à l’eau sans problème, juste le temps d’arrimer la mise l’eau sur Ramses18.

Jacques part devant à l’Est avec un petit vent d’ouest, juste pour voir l’Espagne et essayer le moteur. Tout va bien, maintenant cap à l’ouest, çà y est, on est parti dans un paysage magnifique.

Premier pont sous la N221, çà semble passer largement mais évaluer la hauteur est bien difficile quand on s’approche du pont. D’accord, ici il y a largement la hauteur pour passer sans problème au milieu de l’arche.

On descend les premiers km au prés en louvoyant sur le Douro assez large ici avec le vent d’ouest dans le nez, les virements s’enchainent, les nuages arrivent et le vent monte. Maintenant ce n’est plus les troupeaux de vaches de la Pampa, avec les grands taureaux noir qui vous regarde d’un œil virile, non, maintenant il y a des moutons sur le Douro, oui plein de moutons, et en plus il y a du clapot. Il y a aussi un système de risées assez surprenantes, elles sont toutes refusantes sauf une de temps en temps, et plouf, je vois 100 m devant moi Jacques qui chavire et chapeaute « tranquillement », j’affale rapidement et rejoint au moteur Jacques qui est drossé sur les rochers et les arbres de la berges. Je le sort de la berge et l’aide à ressaler en tirant un bout fixé sur sa poutre avant et en faisant attention qu’il ne dessale pas à nouveau en tombant sur moi. Ouf ! Ça aurait pu être pire, et surtout il n’y a pas eut de bateau de touriste nous croisant ici à ce moment là. Bilan: bye bye la VHF qui n’était pas attachée et un sac mal fermé = vêtements mouillés.
Finalement on arrive à Pocinho vers 20:00 après 30 km, vent dans le nez.

On accoste sur un ponton un peu en amont de l’écluse. Jacques, stratège et fin gourmet avait repéré sur Google-Earth deux restaurants à Pocinho en aval de l’écluse. Nous quittons le ponton et marchons un bon km pour arriver au village de Pocinho. Les deux restaurants sont hélas fermé. Je lui propose du massepain et mes traditionnels petits Lu. Finalement, prés de la gare, un taxi nous propose un restaurant à Fos do Tua et il « s’arrangera » pour le retour. La faim nous tiraillant, nous acceptons le 9 euro pour aller au restaurant de son copain. Diner royal et très copieux.

                                                                 

Et voilà, on finit la dernière bière, le copain restaurateur appelle son copain taxi qui nous ramène jusqu’au ponton et nous éclaire avec ses phares pour qu’on ne rate pas le ponton. Il reste à faire le « lit » sur le trampoline sous la GV. Il est 22h local, soit 23h en France.
Quoi ? Dormir sur un trampoline ce n’est pas compliqué, c’est comme faire un nid, il faut choisir l’endroit où on va s’allonger, mettre la GV par dessus et fermer les yeux, il faut aussi fermer la frontale car les moucherons arrivent.

Descendre le Douro en Dart18 – J0-1 L’arrivée au départ Barca de Alva

Douro J0-3 Tout est presque prêt.

J’embarque tout, deux moteurs 2,5 CV, deux chaises, deux tangons et l’accastillage ad hoc dans ma voiture et ma remorque de route bien chargée, un dernier contrôle sur la liste du raid et en route pour Rochefort rejoindre Jacques qui rentre juste du Mondial Dart18 qui se tenait à Cavalaire. Une nuit très confortable chez Jacques et un petit déjeuner comme je les aime, format salade de fruit frais entièrement maison signée Jacques. La journée commence bien.

On avait prévu un jour complet à Rochefort pour valider les montages des chaises, accastillages, moteurs et chèvres sur les deux catamarans, sage précaution qui nous permet quelques petits ajustements et les derniers achats de matériel complémentaire type jerrycan, gaffe, poulie volante. Je profite de l’atelier d’outillage bien équipé d’un ami de Jacques pour changer le pied de mât car Jacques dans sa caverne d’Ali BabaDart avait aussi un pied de mât de rechange.
Démontage du pied cassé, nettoyage, remontage et popage musclé du nouveau pied.
Fin de la journée J-2 bien fatigué, avec un petit topo sur la route à suivre le lendemain en Espagne pour rejoindre Barca de Alva juste après la frontière portugaise. Une bonne nuit à Rochefort avant enfin l’aventure et ses surprises. Les voitures sont prêtes, remorques attelées.

Douro J0-2 En route pour Barca de Alva

Au revoir Rochefort, bonjour l’Espagne. Après mille km, on arrive dans la pampa des hauts plateaux de Salamanque (vers 800 m d’altitude), herbe rase et jaune et quelques buissons. Nous découvrons enfin l’entrée du canyon qui nous mène au Portugal. Chemin tortueux et encaissé qui descend et souvent cache le soleil couchant. Malgré la chaleur et la fatigue du voyage nous sommes attentif et impatient de découvrir enfin ce grand fleuve qui hante nos rêves depuis des semaines. Après 350 m de descente, on s’arrête, c’est indescriptible l’émotion qui nous envahit quand on le découvre, calme, majestueux et bercé par une légère brise. On n’a rien à manger, on ne sait pas où l’on va dormir, peu importe, il est là, devant nous, comme s’il nous attendait.

Nous arrivons enfin à Barca de Alva vers 20h et nous passons bien une heure au bord du Douro, sur le pont de la N221, et déjà nous voyons où nous allons monter les Dart18, la mise à l’eau, les essais moteurs et chèvre, embarquer nos quelques sacs plutôt léger, trouver une capitainerie et les passages des écluses…

Un gros travail encore pour demain. Mais avant il faut trouver où dormir puis diner. Il semble qu’il n’y a qu’un seul restaurant hôtel ici. Nous y entrons et il reste encore de la place, et nous pouvons aussi encore diner, il est 21h passée. Le bonheur, nous avons une chambre pour une nuit douillette avant le trampoline, pour une dernière douche, et un dîner cochon de lait et petit vin rouge local. Que du bonheur. Dormir maintenant, il est minuit bien passé en France.

Douro J0-1 Montage finale avant de partir sur le Douro

Un vent léger se lève et tourne à droite avec le soleil. Ciel bleu et soleil. Le montage avance bien doucement, nous avons trouvé une place pour monter les catamarans juste à coté de la rampe de mise à l’eau, un peu raide mais à deux nous devons pouvoir gérer la descente dans le Douro.

Cet après-midi rendez-vous en voiture à la première écluse de Pocinho’s à 20 km pour régler les problèmes « administratifs ». Surprise! les accès à l’écluse sont fermés, il n’y a personne d’accessible et nous retournons à Barca de Alva bredouille et sans information sur le passage d’écluse. Le « capitaine » d’un bateau de touriste nous dit que c’est sur internet que les passages s’enregistrent et se payent. Nous avons trimé plus d’une heure le soir avec Jacques pour réserver tous nos passages sur le site https://douro.apdl.pt pour 40 Euro les cinq écluses, car il a fallu préciser pour nos deux catamarans chaque jour et chaque heure sur les sassées disponibles. Et il ne faut pas louper l’heure sinon…  Ben on prend la sassée suivante! Heureusement que Jacques avait bien préparé le planning de descente avant d’arriver ici.

Les derniers réglages sont terminés, il ne reste plus qu’à faire les sacs, le vent très thermique semble quotidien, ciel bleu et soleil garanti. On part demain matin, on fera un petit run ouest vers l’Espagne pour tester tout ce qu’on n’a pas eut le temps de bien vérifier, surtout la motorisation et les chaises. Tiens par exemple comment se passe le débattement de la barre de liaison des safrans avec la chaise et le moteur 2,5CV? Hein ! Si ! Çà passe si on rehausse le moteur! alors on a rehaussé la chaise.   Et si on allait garer les voitures et les remorques, comme çà en passant ! Le patron de l’hôtel nous dit de se garer devant la poste, l’ancienne poste qui lui appartient, il a l’habitude, çà ne gène pas les cars de touristes ni la police locale qui connait bien le patron.

Dîner morue pour moi ce soir, saumon pour Jacques. Une bonne dernière nuit avant les nuits trampoline sous les étoiles.

Le jeux maintenant c’est de descendre le Douro sur 210 km avec les 120 m de dénivelé en passant 5 écluses, et de passer sous tous les ponts avec 7,2 m de tirant d’air pour certains.

Descendre le Douro avec 2 Dart18 – La préparation

Douro J-8m: Genèse d’un rêve en Dart18 solo !

D’accord Jacques? Pour un raid en solo à deux Cata l’été prochain ? On est au mois de juin et nous venons juste de terminer bord à bord en catamaran le tour de l’ile de Ré en sept heures et quelques. Jacques m’a battu d’une bonne minute à l’arrivée à La Rochelle dans le Raid des Baleines 2018. Et en réponse à ces questions Jacques me dit « Oui ça m’intéresse cette idée de raid ». Go! Go! l’idée est lancée.

On s’est revu ensuite en octobre à Arradon pour la Catagolfe, grand rassemblement annuel de catamaran dans le golf du Morbihan. Jacques confirme son intérêt, et moi aussi je confirme, et nous passons l’hiver à élaborer quel type de raid nous conviendrait à tous deux. J’ai l’expérience du tour de France 2015 plutôt spartiate, et Jacques aime bien la simplicité et le confort gastronomique. On doit pouvoir trouver un juste milieu. Jacques propose le Portugal dont il rêve depuis longtemps, avec des options types côtier Porto-Biarritz, ou une remontée à St Jacques de Compostelle avec une étape de 50 km à pied plus le retour, ou une descente de Porto vers le sud en côtier, ou naviguer sur le Douro et traverser le Portugal. Certes les côtiers sont attirant, mais les points de mouillage ou d’échouage sont rares avec des côtes pleines de falaise et de caillou partout, et la houle de nord-ouest est toujours forte. C’est bon pour les planchistes ou le kitesurf dans ces zones, mais pas bon pour le cabotage. On retient assez rapidement l’option Douro, sans grand risque pour naviguer, et aux paysages très  pittoresque. Il y a très peu de littérature sur la navigation sur le Douro dans sa partie navigable du Portugal et rien du tout pour la voile. Des amis de Jacques sur place au Portugal lui envoient des informations type carte fluviale sur le Douro avec ses cinq écluses de hauteur impressionnante et aussi un peu de littérature plutôt touristique que nous étudions en détail.

Jacques analyse finement tout le parcours sur GoogleEarth repérant les endroits pour accoster et pour se restaurer. Il en ressort que c’est jouable pour deux Dart18 en solo avec toutefois deux contraintes incontournables. D’une part le tirant d’air est affiché à 7,20 m sans vraiment préciser si c’est en crue ou en étiage, et d’autre part il faut une petite motorisation pour manœuvrer hors voile dans les hautes écluses. Démâter et remâter avant et après chaque point bas semble bien difficile et manœuvrer à la pagaie dans les écluses semble très risqué. Jacques me passe une chaise moteur pour Dart18 qu’il a ramené des iles du bout du monde quand il habitait là-bas, et moi je lui dit que je vais réfléchir à ce problème de tirant d’air et de démâtage. Bonjour l’hiver dans nos chaumières à cogiter, à surfer sur le net, à imaginer comment transformer ce rêve en réalité et à revoir ses cours de trigonométrie. Il faut trouver une deuxième chaise moteur, deux petits moteurs thermiques et passer la tête de mât en dessous de 7.20m. Pas compliqué le problème, il n’y a plus qu’à trouver des solutions et choisir les meilleures. Et, au fait, il y a aussi des passages d’écluse à organiser, contacter les autorités locales, avoir les autorisations de naviguer sur le Douro, sans parler de l’intendance alimentaire et de la logistique voiture et remorque, et aussi et toujours le problème de dessalage et de ressalage en solo. Cool, six mois de préparation ce n’est pas de trop.

Douro J-6m: Chaises et moteurs pour Dart18

J’avais entendu parlé dans les années 90 qu’il existait des chaises moteur HB pour Dart18 (avec une référence FC1520CM et limité à 3CV) , mais je n’en avais jamais vu. Quand Jacques me dit en avoir une, très ancienne aussi, je suis impatient de la voir. En fait elle est assez simple, deux pièces de ferraille inox pliées, une planche de contreplaqué marine et 3 écrous rondelles et boulons tout inox.

Les deux ferrailles s’insèrent dans les fentes avant et arrière de la poutre arrière tout simplement. La forme des pièces évite qu’elles s’échappent des fentes de la poutre et laisse passer le chariot de la GV. Ingénieux et simple à priori.

Chaise en bout bâbord de poutre

Petit problème tout de mème, la pièce avant ne s’emboite pas dans la rainure de la poutre, il a fallu meuler (la pièce, pas la poutre), limer et poncer des heures pour l’insérer sans trop de difficulté.

Voilà enfin le montage provisoire en bout de poutre. En final il faut évidement la monter derrière la glissière du chariot de GV et entre deux coulisseaux de trampoline. Maintenant il faut en trouver une deuxième, et personne dans tribu des Dartistes n’en possède. Il faut se résoudre à en fabriquer une copie. Mais sans planche d’acier inox, sans scieuse conséquente, sans plieuse de même, il a fallu bricoler et assembler des équerres de charpente pour que cela ressemble un peu au modèle de la chaise. Je passe les détails, mais en final la deuxième chaise semble aussi pouvoir bien faire l’affaire.

Pour les moteurs, les promotions de début d’année annoncent des 2,5CV thermiques pas trop cher, et surtout suffisamment léger, à moins de 1000 Euro et moins de 15 kg en arbre long. Pour manœuvrer dans les écluses et sur le Douro assez lent cela semble optimum. On opte aussi rapidement pour des jerrycans de 10l plutôt que 5l. Le problème de la motorisation semble donc bien réglé. L’expérience et la pratique nous montreront que tout n’était pas vraiment réglé. A suivre….

Douro J-4m La chèvre et le tirant d’air

Le problème du moteur étant apparemment résolu il faut s’attaquer au problème du tirant d’air à 7,20 m. Le mat mesure 8 m et la boule de pied de mat est largement estimée à 50 cm de hauteur sur l’eau. Donc le problème se ramène à : Comment faire passer 8,5 m dans 7,2 m de hauteur. Posez le problème comme cela, et les réponses viennent facilement à l’esprit: 1) on couche le 8,5 m à plat (= démâtage), 2) on plie le 8,5m en deux (= blague), 3) on incline le 8,5 m jusqu’à ce qu’il passe sous 7,2 m de haut (=bonne réponse). C’est là où il faut se remémorer ses cours de trigonométrie, déjà bien lointain, mais allons-y.
Si A est l’angle de quête (entre la verticale et le mât) il faut donc que : 8*cos(A) + 0,5 < 7,2 ou autrement dit A > arccos(6,7/8) avec les bonnes unités d’angle évidement, soit A > 0,5781 radian. Super content les angles en radian, et en degré d’angle çà fait combien ? On divise par Pi et on multiplie par 180 est la réponse est donc : Angle de  Quête > 33,2°. Super la trigonométrie, mais maintenant comment incliner le mat de plus de 33° quand on est sur l’eau assis sur le trampoline, avec un peu de clapot et la GV (on prévoit de naviguer en solo sans foc). Donc le problème de tirant d’air est devenu un problème de trigonométrie puis maintenant c’est un problème de « Haubanage/Matelotage ». Hé, facile la solution ! Il faut allonger la patte d’oie ou l’étai de foc pour baisser le mât, et puis après il faut tout raccourcir pour relever le mât. Ce serait certes possible pour des petites quêtes, mais, pour 33° et plus, l’angle de traction sur les cadènes serait trop fort avec une force perpendiculaire de traction beaucoup plus forte. Torsion de la cadène assurée avec en plus casse ou arrachage de la cadène ! Une autre solution pour baisser le mât en tirant dans l’axe des cadènes de façon modérée ?

Hé oui, ici il faut réinventer la chèvre, très vieille technique pour résoudre ce type de problème. Ici je vais passer les calculs de longueur et d’angle de chèvre pour aller directement au résultat.

Pour le détail, la chèvre est attachée d’un coté à la boule de pied de mât par une solide cordelette, et de l’autre coté d’abord à un hauban de Dart18 frappé sur la ferrure de capelage et ensuite sur une poulie avec une drisse entre les deux cadènes, laquelle drisse revient vers l’arrière par une poulie sur une cadène et se coince dans  le taquet coinceur de la poulie de foc type DS513, facile à comprendre n’est-ce pas. Il faut vite faire un nœud sur la drisse de chèvre pour éviter la chute du mât, et aussi faire des marques sur la drisse pour indiquer position haute et position basse. C’est tout, et çà marche.

Je met en ligne la descente (vidéo 50 Mo) mais je ne sais pas encore bien compresser les vidéos, ni les photos d’ailleurs, pour une visualisation fluide et rapide avec un fichier plus léger. En espérant que le chargement n’est pas trop long.Tous les conseils à ce sujet sont bienvenues. La remontée se fait en tirant sur la drisse.


Cela parait simple comme cela, mais il y a encore des précautions à bien prendre pour éviter des casses (du vécu hélas, éclaté la fonderie du pied de mât). Tout d’abord affaler la GV. Ensuite mettre la goupille de pied de mât. Ensuite il faut que le mât descende le plus droit possible, et non pas trop sur un coté comme il aurait naturellement tendance à faire car les haubans deviennent tout détendus avec tant de quête. Pour cela on met deux poulies qui  coulissent sur chaque hauban et qui sont tirées en arrière vers des taquets coinceurs (type Cunningham) fixés prés de coins de poutre arrière. Il faut tendre les deux simultanément pour garder le mât à peu près centré sur l’axe du catamaran.

Autre détail, en navigation la patte d’oie est fixée sur des mousquetons fixés aux cadènes de foc. Sur l’eau pour manœuvrer la chèvre à la descente, il faut aller assis sur la coque près des cadènes détacher les  mousquetons des cadènes (et les fixer de chaque coté sur la drisse de chèvre pour les rattraper plus tard) puis faire le contraire ensuite après la remontée du mât.

Douro J-2m Et le reste des préparatifs

Pendant que je travaillais d’arrache-pied de mât (promis, je ne la ferais plus) aux problèmes techniques, Jacques travaillais de son coté sur les aspects logistiques, intendances et administratif. Il fait un voyage de reconnaissance sur place à Porto pour repérage et prise de contact administratif pour « vendre » notre projet aux autorités locales et trouver de la documentation technique sur le Douro.
La logistique. Pour l’aller : On prévoit un jour chez Jacques de mise à niveau des deux catamarans et un peu de ravitaillement petit déjeuner. Un jour pour descendre à Barca de Alva sans savoir où dormir et valider une rampe de mise à l’eau. Un jour de montage sur place et garer les deux voitures et les remorques. Puis partir sur le Douro
Pour le retour on prévoit de laisser les catamarans à la marina de Porto, remonter par le petit train aussi loin que possible dans la vallée du Douro puis rejoindre Barca de Alva en stop ou en taxi. Repartir vers Porto avec voitures et remorques, démonter les catamarans, les remettre sur les remorques et rentrer en France.
L’intendance. Très simple, de quoi petit déjeuner en sauvage, et tous le reste en restauration magasin sur place, ou profiter de la gastronomie locale. Finalement, les sacs contiennent le couchage, la toilette, appareils de photos, smartphone, caméra pour Jacques, VHF, GPS, vêtements de navigation et de rechange et un peu d’outillage de base. Et une bouteille de champagne de France pour l’arrivée.
L’administratif. Ramses18 et Jade17 sont déjà inscrit aux Affaires Maritimes en France, mais il faut encore décliner identité, certificat et jauge aux autorités portugaises qui gèrent la navigation sur le Douro. C’est assez compliqué mais les contacts de Jacques durant son repérage du printemps nous ont bien aidé à « naviguer » dans un logiciel d’identification, d’inscription et d’enregistrement digne d’un super geek. Finalement l’inscription passe en indiquant que les catamarans sont motorisés, et on a le droit de naviguer sur le Douro, mais pas encore celui de passer les écluses. On s’était dit que nous verrions sur place pour les passages des écluses, ce qui sera une grande première pour Jacques. On prévoit de passer les écluses en début de journée, ce qui permet de ne pas faire la course la veille et de profiter à loisir des après midi tranquillement. On emmène aussi des pavillons portugais et français. Jacques a aussi dessiner un super logo pour ce raid ce qui agrémentera bien les visuels sur les coques et les voiles.
Visuels Douro

CAP VERT, ile de FOGO, décembre 2015, que du vécu

Transfert en avion de Santiago vers Fogo ce vendredi, un taxi nous mène directement à l’hôtel tout proche. L’ile est petite et ronde autour du Volcan et de la Caldera, nous ne prenons pas de voiture de location, les taxis et les circuits touristiques sont suffisants.

Jours 8 à 10 Mise à jour du 06/02/2016. FOGO, Sao Filipe, la plage, les vignes, le tour de l’ile

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CAP VERT, ile de Santiago, décembre 2015, que du vécu

Donc, sur la pression persistante de certains assidus de ce blog, je poursuis le récit de mes aventures, même si, ici, elles ne sont pas très marines mais plutôt randonneuses. Il s’agit, après le retour d’un convoyage jusqu’aux Iles Marquises, de vingt jours au Cap Vert avec ma compagne Anne pour y faire de la randonnée. En route vers de nouveaux horizons.
Les articles et photos, magnifiques, vont être édités très bientôt.

Jour 6 Mise à jour du 03/02/2016 Sao Jorge dos Orgaos et jardin botanique
Jour 5 Mise à jour du 11/01/2016 Ribeira de Barca, Aguas Belas
Jour 3-4 Mise à jour du 08/01/2016 La Plage – Los Picos
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151209 Hiva Oa, le Gendarme et Jacques Brel

La traversée s’est bien passée, j’arrive tout juste de Polynésie et vais, dans les jours qui viennent, mettre sur le blog les 3 derniers articles de ce voyage inoubliable:
– 151207 Traversée des Galápagos aux Iles Marquises
– 151208 Fatu Hiva et Freddy
– 151209 Hiva Oa et Jacques Brel
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151208 Fatu Hiva et Freddy

La traversée s’est bien passée, j’arrive tout juste de Polynésie et vais, dans les jours qui viennent, mettre sur le blog les 3 derniers articles de ce voyage inoubliable:
– 151207 Traversée des Galápagos aux Iles Marquises
– 151208 Fatu Hiva et Freddy
– 151209 Hiva Oa et Jacques Brel

Freddy bonjour, voici les premières photos comme promis
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Ecrivez vite vos commentaires avant que je parte à nouveau vers le Cap Vert en face de l’Afrique cette fois-ci. Je rentre l’année prochaine.

Voici le récit complet de ce passage trop rapide à Fatu Hiva et les rencontres avec Paloma, Freddy et Lionel.
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